Vu de Pologne. Hanna Gronkiewicz-Waltz conserve la mairie de Varsovie
Revue de la presse polonaise du 12 au 18 octobre 2013
Malgré des sondages défavorables, l’actuel maire de Varsovie, Mme Hanna Gronkiewicz-Waltz, n’a pas été renversée lors du referendum de destitution organisé contre elle dimanche 13 octobre. Les électeurs qui se sont rendus aux urnes ont certes voté à 95% pour son renversement mais le taux de participation de 25,6% est resté en dessous du seuil de 29,1% nécessaire pour rendre le résultat du scrutin contraignant. « HGW » reçoit donc, pour reprendre l’expression de Rzeczpospolita, un « carton jaune » mais reste sur le terrain quand le parti d’opposition Droit et justice (PiS, droite conservatrice) se voit en revanche pénalisé d’un « carton rouge ».
La plupart des commentateurs politiques, toutes tendances confondues, s’accordent en effet à dire que le PiS est le principal perdant de ce vote, compte tenu de son engagement moral et financier dans la campagne. Comme expliqué la semaine dernière, le referendum, qui portait au départ sur des enjeux locaux mis en lumière par des maires d’arrondissement sans étiquette, a été progressivement récupéré par les grandes formations nationales pour devenir un vote de défiance à l’encontre du gouvernement.
Le président de la République et le Premier Ministre n’ont pas davantage cherché à dissocier le scrutin municipal de la politique nationale puisqu’ils ont ouvertement apporté leur soutien à Hanna Gronkiewicz-Waltz et appelé les Varsoviens à ne pas se déplacer au bureau de vote. Au vu du résultat du referendum, cette stratégie semble avoir fonctionné, même si l’abstention de la grande majorité des habitants de la capitale n’est pas nécessairement synonyme d’adhésion à la politique du maire actuel.
Un sauvetage qui tient à l’épouvantail du PiS ?
Selon Rzeczpospolita, c’est la figure d’épouvantail incarnée par le PiS qui a de nouveau sauvé Hanna Gronkiewicz-Waltz et et son parti de la Plateforme civique (PO, droite libérale) : les électeurs modérés, y compris ceux qui ne sont pas satisfaits du bilan de l’équipe municipale en place, ont accordé la priorité au blocage du PiS. Cette analyse semble corroborée par la géographie électorale du scrutin, qui fait apparaître un taux de participation plus faible dans des quartiers comme Bemowo, Białołęka ou Wilanów habités par des classes moyennes supérieures originaires d’autres régions en Pologne et aux vues plutôt libérales. À l’inverse, les arrondissements du nord de Praga, Targówek et Wawer, plus conservateurs mais aussi plus fragiles économiquement, se sont davantage mobilisés pendant le vote.
Le chroniqueur de Gazeta Wyborcza Paweł Wroński est pour sa part moins certain de l’effet repoussoir joué par le PiS. Il relève que le « cordon sanitaire » qui isolait le parti de Jarosław Kaczyński depuis 2007 a sauté avec le referendum puisque même « les électeurs de la gauche radicale et de l’ancien mouvement de Palikot sont prêts à voter avec les électeurs du PiS, tout en étant conscients que la destitution de Hanna Gronkiewicz-Waltz sert le parti de Jarosław Kaczyński ». Il invite donc le Premier Ministre Donald Tusk à « réfléchir profondément » plutôt qu’à « sonner les cloches de la victoire ».
Sur le plan local, le referendum a dans tous les cas eu une certaine utilité puisque de l’avis même de sa cible principale, le maire Hanna Gronkiewicz-Waltz, l’opération l’a « aidée » à mieux comprendre que les Varsoviens ne satisfaisaient pas d’une ville bien gérée mais qu’ils « avaient [aussi] besoin d’un contact permanent avec la municipalité ». Les organisations qui ont initié le referendum comme la Communauté autonome de Varsovie ou Ton mouvement ont également bien l’intention de faire tenir au maire ses promesses, notamment au sujet du prix des services publics, de la finalisation du boulevard périphérique ou encore de la restitution des biens confisqués après la Seconde Guerre mondiale. Une épée de Damoclès qui n’entame pas la détermination de « HGW » à vouloir briguer un troisième mandat en 2014.
Articles phares :
- Paweł Wroński, « Po nieudanym referendum w sprawie odwołania prezydent Warszawy: nie bijcie w dzwony zwycięstwa », Gazeta Wyborcza, 14 octobre 2013 ;
- Michał Szułdrzyński, « PiS znów uratował PO », Rzeczpospolita, 14 octobre 2013 ;
- Iwona Szpala, « Gronkiewicz-Waltz: Referendum miało swoje pozytywy » (entretien avec Hanna Gronkiewicz-Waltz), Gazeta Wyborcza, 15 octobre 2013 ;
- « Lemingi uratowały skórę Gronkiewicz-Waltz », Rzeczpospolita, 15 octobre 2013 ;
- Janina Blikowska, « Skontrolują Gronkiewicz-Waltz », Rzeczpospolita, 18 octobre 2013.