Pologne. Le PiS renationalise le musée de la Deuxième Guerre mondiale

Après un an de bataille juridique, le gouvernement ultra-conservateur de Varsovie a obtenu le feu vert des tribunaux pour remanier la direction du musée de la Deuxième Guerre mondiale à Gdańsk et « repoloniser » une exposition jugée trop universaliste.

L’actuel gouvernement polonais vient de remporter une bataille peut-être décisive dans le conflit qui l’oppose depuis plus d’un an au musée de la Deuxième Guerre mondiale à Gdańsk. Par un jugement du 5 avril, la Cour administrative suprême vient d’autoriser le ministre de la Culture à fusionner ce musée, fraîchement ouvert au public après huit années de préparation, avec une autre institution qui n’existe pourtant que sur le papier : le musée de Westerplatte.

La fusion, présentée par le ministre Piotr Gliński comme un moyen d’éviter les doublons et de faire des économies, lui permet de choisir la direction de la nouvelle structure, qui a dès le lendemain de la publication du jugement été confiée à l’historien Karol Nawrocki.

Son principal thème de recherche, qui concerne la résistance anticommuniste dans la Pologne de l’après-guerre (les « soldats maudits »), constitue aussi l’un des piliers de la politique historique conduite avec énergie par le gouvernement polonais issu du parti ultra-conservateur Droit et justice (PiS).

Comme le rappelle le quotidien d’opposition Gazeta Wyborcza, avant même le retour au pouvoir du PiS en 2015, son président Jarosław Kaczyński avait déclaré son intention de procéder à des changements pour que le musée « exprime un point de vue polonais ».

Alors que le principal auteur de l’exposition existante, Paweł Machcewicz, s’était efforcé de lui conférer une dimension universelle et s’était entouré d’historiens étrangers de renom – dont Élie Barnavi et Henry Rousso – pour rendre compte des atrocités commises pendant la guerre, en particulier sur les populations civiles des territoires occupés en Pologne et ailleurs, les universitaires proches du PiS lui reprochent de « ne pas montrer les aspects positifs de la guerre comme le patriotisme et l’esprit de sacrifice ».

Si le portail d’information proche du pouvoir wPolityce se félicite de l’« heureux dénouement de cette effronterie du musée de Gdańsk », DoRzeczy laisse entendre que le conflit n’est peut-être pas encore tout à fait clos, car « certaines personnes qui avaient cédé leurs souvenirs de famille voudront les récupérer et la mairie [NDLR  : gouvernée par un libéral] pourrait aller devant les tribunaux pour révoquer la donation du terrain où a été construit le musée ».