L’euro souffle son dixième anniversaire malgré la crise

Revue de la presse française du 24 au 30 décembre 2011

Tandis que les agents de sécurité des aéroports reprenaient le travail en début de semaine, les vacances de Noël des Français n’ont dans l’ensemble pas connu de grande perturbation : au contraire, les températures clémentes ont fait oublier les difficultés rencontrées l’hiver dernier en matière de transport. La presse s’en est donc tenue à un service minimum en dressant des bilans de l’année écoulée ou bien en tentant l’exercice prospectif pour 2012. Les anniversaires ont également été à la fête, parmi lesquels celui de la monnaie unique mise en circulation il y a dix ans.

Il serait cependant difficile de parler de « célébration » tant les avis sur l’euro sont contrastés et son avenir, incertain. La crise des dettes souveraines, qui a très largement occupé l’espace public au cours de cette année 2011, n’est toujours pas réglée en dépit du récent accord du 9 décembre. Une série d’observateurs se demandent en conséquence si le statu quo est vraiment durable ou si 2012 ne pourrait pas plutôt voir l’enterrement de la monnaie unique.

250 000 livres pour le meilleur scénario de sortie de l’euro

La pile de tribunes en faveur d’une sortie de l’euro, régulières bien que soutenues par une minorité d’économistes, a trouvé à s’enrichir d’un nouveau scénario de « démontage concerté ». Il repose sur le constat que l’ensemble des membres de la monnaie commune n’est pas affecté de façon identique à « la principale cause de la crise », c’est-à-dire « la montée inexorable de la dette extérieure ». D’un côté, les pays du sud de l’Europe mais aussi l’Irlande sont dans le rouge en raison d’une moindre compétitivité alors que de l’autre, l’Allemagne, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas sont dans une situation excédentaire. Le plan pourrait être éligible au prix Wolfson, un concours lancé en octobre par un homme d’affaires britannique proche des conservateurs et qui offrira 250 000 livres à l’auteur du meilleur projet de sortie ordonnée de la zone euro.

En France, si les citoyens portent un jugement plus que mitigé sur l’introduction de la monnaie unique, notamment du fait de l’augmentation des prix qui se serait ensuivie — le constat est rejeté par une partie des économistes et des statisticiens —, ils ne semblent pas pour autant très désireux de retourner au franc. Outre le rôle protecteur qu’ils reconnaissent en partie à l’euro dans cette période de turbulences financières et monétaires, les Français plébiscitent la facilité des transactions avec les pays voisins, que ce soit pour le commerce en ligne ou le tourisme. À ces considérations pratiques s’ajoute une réflexion plus politique sur l’impact qu’aurait la disparition de la monnaie commune sur l’intégration européenne. Déjà évoqué à de multiples reprises au cours des semaines précédentes, l’argument est de nouveau mis en avant par les quotidiens nationaux majeurs pour prendre la défense de l’euro dix ans après son apparition dans les porte-monnaie.

Dans le contexte de crise, aggravée par des chiffres record de chômage et de fermetures d’usines, la frilosité des banques et les avertissements du Fonds monétaire international, la seule « bonne nouvelle » est venue de la « baisse de l’euro », dont le cours face au dollar est au plus bas depuis près d’un an et demi. Le Figaro, qui accuse depuis longtemps l’euro fort de miner la compétitivité de l’industrie française, espère donc que la tendance permettra d’améliorer les performances de l’économie nationale l’an prochain. À condition que l’effet négatif sur les importations ne l’emporte pas.

Articles phares :
- Le Figaro, La baisse de l’euro, enfin une bonne nouvelle, Isabelle Chaperon, 30 décembre 2011 ;
- Le Figaro, L’euro, dans nos poches depuis une décennie, Arnaud Rodier, 30 décembre 2011 ;
- Le Figaro, Pour que vive l’euro, Yves Thréard, 30 décembre 2011 ;
- Le Monde, Pour un démontage concerté de l’euro, Collectif d’économistes, 26 décembre 2011.